SAËR NIANG, DIRECTEUR GENERAL DE L’ARMP «Nous avons dit au Premier ministre de résilier le contrat du King Fahd Palace»
Saër Niang était, hier, l’invité de l’émission «Yonn Wi» de la Radio Futurs Médias (Rfm). Face à El Hadji Assane Guèye, le Directeur général de l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp) a abordé plusieurs sujets d’actualité, parmi lesquels la polémique autour de l’hôtel King Fahd Palace, la préférence nationale, le plan Takkal… Morceaux choisis.
Hôtel King Fahd Palace : «Le marché est exorbitant»
«Je confirme que ce marché a été attribué par entente directe. Nous avions été informés par la presse. Nous avons lu dans un journal de la place que le ministre du Tourisme de l’époque avait affirmé avoir attribué le marché par entente directe parce que, d’après ses dires, le précédent contrat avait été attribué par gré à gré. Sous ce rapport, comme nous avons un devoir d’informer, nous avons saisi le ministre de l’époque par correspondance en lui demandant de mettre à notre disposition le contrat et de nous donner des explications sur les raisons pour lesquelles le marché avait été attribué par entente directe, et s’il avait recueilli l’avis de la Direction centrale des marchés (Dcm) et obtenu son autorisation. Il n’avait pas répondu. Nous avions écrit une deuxième fois pour le relancer, mais il n’avait pas répondu non plus.
Entre-temps, c’était la période pré-électorale et la période électorale. Après, il y a eu une alternance. Nous avons donc saisi son successeur qui est le nouveau ministre de la Culture et du Tourisme Youssou Ndour, avec ampliation au Premier ministre. Quand il a reçu notre correspondance, le Premier ministre nous a répondu en nous envoyant une copie du contrat et nous saisissant également pour recueillir notre avis sur la question.
Nous avons étudié le contrat que nous avons jugé exorbitant. D’abord, la procédure n’avait pas été respectée, puisque, s’il s’agissait d’un marché ou d’une délégation de service public, la publicité aurait dû être organisée, un appel à candidature fait et le marché aurait dû être attribué à l’issue d’un appel d’offres. Cela n’a pas été fait. L’analyse des modalités de rémunération du cocontractant nous avait également conduits à considérer que c’était quand même exorbitant. D’abord, le cocontractant ne prenait aucun élément de risques et était rémunéré grassement sur le dos de l’Etat. Ce qui n’est pas normal. J’en profite pour apprécier la manière dont nous collaborons avec le Premier ministre qui, sur toutes les questions qui touchent les marchés publics, les délégations de services de marchés publics, saisit l’Armp et lui demande son avis et ses commentaires.
Je pense que le contrat sera cassé parce que nous lui avons suggéré de procéder à la résiliation du contrat pour ensuite relancer l’appel d’offres, en y mettant toutes les formes. Il nous a reçus et a donné son accord. Cela ne veut pas dire évincer quelqu’un, déshabiller Jean pour habiller Paul. La question n’est pas là. La question est de dire que l’orthodoxie en matière d’attribution de marchés ou de délégation de services publics n’a pas été respectée. Il faut donc y mettre la forme.»
Source: futursmedias.sn du 10 Aout 2012