Les contradictions et « les deals behind closed doors » de certains leaders politiques avec le Président Macky Sall n’engagent pas le peuple des Assises

Quand le politicien veut semer la confusion il commence par faire des amalgames. Dire que : « Les électeurs ont accordé 24 % (Ndlr : 13% à Niasse et 11% à Tanor) aux Assises et 26,7% à Yoonu yokkuté » à mon avis relève d’une contre vérité pour justifier une simple stratégie politique. En effet les électeurs ont sanctionné la division de « benno » membres des Assises et non pas les Assises en tant que telle. Que les partenaires politiques membres des Assises, soient loyaux ou pas au Président ou à son parti ou encore à sa coalition cela n’engage nullement le peuple des Assises. En effet quand les leaders politiques membres des Assises faisaient leur négociations ou « deals »entre les deux tours des présidentielles ou avant les législatives, ils n’étaient pas mandatés par les Assises Nationales.

Par conséquent s’ils font le plaidoyer des Assises auprès du Président et auprès de son gouvernement nous ne pouvons que saluer la démarche mais s’ils font le contraire ou préfèrent garder le silence sur des violations des principes et valeurs des Assises qu’ils en assument toutes les responsabilités.
Si le travail des assises était seulement l’œuvre des leaders politiques, il n’y aurait jamais eu de charte de bonne gouvernance mais plutôt un simple projet de politique politicienne bourré de promesses et de mirages. On a beau avoir le meilleur projet de société du monde mais si nous n’avons pas l’équipe capable et digne de porter ce projet sa mise en œuvre tardera à voir le jour.

Désormais il faudrait que la presse comprenne que les Assises Nationales n’appartiennent pas à ces leaders politiques mais plutôt à tous les citoyens sénégalais leaders ou non qui incarnent les valeurs de la charte de Bonne Gouvernance et veillent à les faire respecter. On nous a crié sur tous les toits des marchés le programme de « Yonu yokute » pour nous faire oublier les conclusions des Assises. Mais la véritable question est la suivante :est ce qu’il est logique de comparer un document de 35 pages qui se résume en cinq axes, quelques mesures clés( dont les mécanismes ne sont pas définis) et 3 priorités pour (les jeunes, les femmes et le monde rural) ; avec un document de389 pages. Un produit du peuple par le peuple et pour le peuple. Autrement dit réalisé par le peuple sénégalais dans sa diversité par sa composition et dans sa richesse par la diversité des compétences réunies pendant la réflexion au niveau national et international(diaspora sénégalaise) après des diagnostics rigoureux et sans complaisance de 1960 à 2010 avant d’aboutir à travers une analyse rigoureuse sur :

-des exigences fortes des citoyens sur les questions de normes ;d’une nouvelle vision
-des prescriptions en direction des maux conjoncturels et structurels constatés ;
-des contributions sous forme de viatiques adressées aux futurs et actuels décideurs publics comme inputs à leurs programmes et politiques.

Certains détracteurs nous chantent : les Assises ne constituent pas la Bible ni le Coran, oui elles ne sont ni l’une ni l’autre mais jamais dans l’histoire du Sénégalais un tel document n’a été réalisé tant du point de vue de la conception, de la méthodologie utilisée que sur la pertinence dans son contenu ; par conséquent tant qu’une autre organisation politique ou sociale quelconque dans une démarche similaire ne produise pas un document plus pertinent nous ne pouvons que retenir pour l’instant comme outil de référence pour le développement du Sénégal :Les Conclusions des Assises Nationales.
Nous saluons certes la décision de la suppression du Sénat mais cela ne signifie pas que nous devons fermer les yeux sur le fait d’être à la fois chef de parti ou de quelconque coalition et Président de la République en même temps. Cette cumulation de fonctions est une violation pure et simple de la charte de bonne gouvernance démocratique. D’ailleurs juridiquement parlant depuis sa prestation de serment, son excellence Mr.Macky Sall n’est plus le président d’une organisation, d’une formation ou coalition politique mais plutôt le Président de tous les Sénégalais et cela devrait se traduire dans la pratique.

Par ailleurs Si dans une société organisée, ce sont les politiques qui dirigent, dans une société émancipée, les politiques ne peuvent diriger sans la participation démocratique des citoyens.
L’objectif principal des Assises, ne se limite pas seulement à changer la manière de gouverner mais au-delà, elles proposent une rupture fondamentale et une refondation nationale pour un Sénégal émergent.
Quant à ceux qui doutent de l’adhésion du peuple aux conclusions des Assises et de son projet de constitution, je réponds tout simplement d’exiger au Président de la République de consulter le peuple par voix référendaire. Je suis convaincu que le peuple sénégalais ne fera que confirmer et renforcer le «Oui » des consultations citoyennes.
Si Yoonu yokkuté s’est fortement inspiré à 80% des Assises nationales comme disent les « Aperistes » pourquoi autant de résistance et de polémique en l’endroit des Assises. Autrement dit retarder l’application des conclusions des Assises ou vouloir faire des compromis du genre : « je prends ce qui m’intéresse et non ce que le peuple veut ou j’ai des réserves de gauche à droite» signifient tout simplement une trahison ou du « wax waxeet » version mutisme total ou un silence coupable.
Il relève de l’utopie et de la démagogie que de vouloir comparer ou assimiler l’œuvre des Assises au programme de « Yoonu yokkuté »
J’espère que les députés autant que les citoyens sénégalais seront assez vigilants lors du discours de politique générale du Premier Ministre pour décrypter le message en profondeur pour y déceler la vraie vision du régime en place pour savoir si cette vision s’articule sur les Assises Nationales ou sur « Yoonu yokkuté ». Encore une fois les ASSISES NATIONALES ne sont pas des marchandises que nous étalons sur la place publique pour faire du marchandage comme « des banabana » ; mais plutôt un projet de société qui à la limite peut être renforcé par de nouvelles contributions, par conséquent on ne peut s’appesantir sur du tripatouillage pour son application car cela n’aurait aucun impact. Alors chers citoyens restons vigilants pour une application effective des conclusions des Assises Nationales.

DENIS NDOUR, AIUSA [email protected]