Direction les sables mouvants !

Nominations, nominations et nominations ! Voilà le sport favori du moment, même s’il y a des questions bien plus urgentes à traiter.

Lorsque c’est le moment de recueillir nos suffrages, ils nous servent leurs plus belles paroles, nous font comprendre que c’est nous qui décidons et qu’eux, sont juste nos serviteurs. Voilà.

Ils nous ont promis le «  Yoonu Yookuté  », ce beau slogan comme pour nous dire : «  nous allons vous mener vers la voie de la prospérité ». Et voilà qu’ils nous mènent sur le chemin de leur propre prospérité !

Pour en tout cas atteindre la voie de la prospérité, il y a un préalable à respecter, c’est à dire commencer par dépenser ce que l’on a et se débarrasser de ce qui est superflu. Il se trouve par ailleurs que des moyens, le Sénégal n’en a pas vraiment puisque le nouveau régime a clairement fait savoir, à son installation au pouvoir, que les caisses de l’Etat sont vides. Il est tout aussi vrai que Me Wade avait prédit le chaos, s’il ne venait pas à être réélu ; les fonds planqués à l’étranger, on n’est vraiment pas sûr de les retrouver de sitôt, si tant est qu’on les récupère puisque les actes posés jusqu’ici, ne traduisent pas une volonté politique affirmée dans ce sens ! Comment alors prendre soin de tout ce personnel politique, les agences budgétivores à coup de gros salaires, les factures téléphoniques et le carburant ?

La tendance que l’on observe pour l’heure, ce sont plutôt des solutions qui vont dans le sens de la gestion de la clientèle politique. Bien sûr qu’on nous a sorti des raisons économiques pour justifier la suppression du Sénat, alors que le fondement ne devait être qu’institutionnel. Et c’est certainement le Conseil économique, social sur lequel on a ajouté une petite couche environnementale qui risque d’être le réceptacle des déçus. Et s’il devenait un Sénat bis ?

Mais au delà de tout cela, ce qui est au fond gênant, c’est la récente annonce de Macky Sall, quant à la possible augmentation de la taille du gouvernement dans un souci d’équilibre, ethnique, régional. Que va-t-on nous chercher là ? A créer un problème qui jusqu’ici, n’a pas eu cours au Sénégal ! Un quota par région, ou par groupe, communauté ou autre ! Enfin bref, c’est ce qu’on appelle, réveiller les démons enfouis. Ne cassez pas s’il vous plaît l’équilibre de notre belle nation sous couvert de spécificités, d’équilibrisme politicien. Il y a bien souvent des paroles si maladroites qu’elles en arrivent à produire des conséquences désastreuses. Ces sujets là sont tellement sensibles qu’il ne faille pas les évoquer. Le risque étant d’aller droit sur des terrains glissants. On risque en effet de créer un précédent dont on ne sait où il va nous mener. Ah ces politiciens toujours prompts à créer des problèmes et à nous entraîner sur des voies bien trop improbables, hasardeuses, de l’aventure !

Le passage d’Idrissa Seck à la primature est là pour nous édifier sur ce que le favoritisme régional peut générer. Les chantiers de Thies ont été réalisés pour servir d’abord son terroir et par là même conserver une base politique !

Macky Sall, excédé, peut nous apprendre qu’il peut nommer qui il veut. Mais en a-t-il seulement le droit ? Non. Qu’apporte la nomination d’Aminata Niane ? Rien de particulier en termes de compétence et de bonne gouvernance. Où est donc le fondement de cette nomination ? N’allez pas nous dire que c’est hélas, elle, la seule personne capable de nous valoir des investissements, d’autant plus que le règne de Wade pendant lequel, il a été de tous les chantiers, est négativement apprécié par les investisseurs. L’affaire Ségura est passée par là. Le duel de Wade avec les américains sur le Mca avec ses joutes verbales avec l’ambassadeur Bernicat, est frais dans nos mémoires. Pourquoi Macky Sall, ne nommerait-il pas Farba Senghor pendant qu’on y est ? Karim Wade ? Oumar Sarr ? Prenons les mêmes et recommençons dans ce cas ! Mais bon sang, la rupture, ce n’est pas juste un mot, mais des actes, une attitude, mais aussi, le respect qu’on doit aux citoyens.

Ousmane Tanor Dieng, qui devient ministre d’Etat auprès du Président de la république ? Voilà la dernière trouvaille de Macky Sall à New York. Vrai, faux ? Si l’on en croit en tout cas l’Aps, le Président l’a sorti de sa bouche, même si Abdoulaye Wilane nous fait savoir à travers un communiqué que Le « président de la République fait montre d’une générosité politique, en continuant d’appeler Ousmane Tanor Dieng, ministre d’Etat parce qu’il fut ministre d’Etat par le passé » et qu’aucun acte, selon EnQuête qui l’a joint au téléphone nommant OTD, n’a été pris. Mais enfin quelle différence cela fait-il, s’il fait partie d’une délégation officielle et est mis à contribution sur bon nombre de sujets ? Ce qui revient à dire qu’à chaque ténor, sa part du gâteau. Sacrés politiques, ils nous mèneront toujours en bateau.

Ce que l’on constate en tout cas, c’est que la gestion de la clientèle politique semble être une épine sur le pied de Macky Sall ; et s’il n’y prend pas garde, il risque de ne plus avoir le temps de réaliser la rupture promise et passer son temps à vouloir satisfaire tout le monde. Il est sans doute temps qu’Abdoulatif Coulibaly, chargé de la bonne gouvernance se réveille. Et si l’alternance de l’alternance était en voie d’être piégée ?

Source: xalimasn.com du 02 Octobre 2012