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C’est le chemin

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En écourtant sa visite de travail en Afrique du Sud Macky Sall a incontestablement su prendre la mesure du désarroi dans lequel ont été plongées les populations à la suite des pluies qui ont semé la mort et la désolation sur l’ensemble du pays. A contexte dramatique il convenait d’adopter une posture qui soit à la hauteur. Le président de la République l’a été dans le ton. Propos concis et fermes. En attendant de voir dans quelques jours, semaines, mois voire les cinq années de sa mandature, ce que ces propos seront devenus et s’ils n’ont fini au cimetière des incantations sans lendemain.

Habitué que nous sommes au flair politique de l’ancien président Abdoulaye Wade souvent transformé en coup politique, on est à souhaiter que Macky  ne tombe pas dans les mêmes travers. Qu’il n’en use et n’en abuse pas mais qu’il l’inscrive plutôt dans cette honnête qui ne fait pas bon ménage avec la ruse parce qu’elle vise justement à être en conformité avec ses engagements. Que Macky ait profité d’une opportunité pour refiler la patate chaude du Sénat est de bonne guerre. L’essentiel est de savoir changer de chemin quand tout concourt à montrer que vous empruntez le mauvais.
 
Comment en effet expliquer aux Sénégalais qui ont perdu des parents dans un torrent de boue, dont les maisons ont été détruites, qui se retrouvent entassés dans la précarité de salles de classes que l’on est en train de chercher de l’argent pour les recaser et leur venir en aide alors que dans le même temps on en dépense pour une institution comme le Sénat dont l’efficience et la pertinence restent à prouver. La suppression du Sénat sera véritablement un signal annonciateur d’un tournant fondateur que s’il sonne le coup d’arrêt des errements qui ont fait douter de la volonté du chef de l’Etat à lutter efficacement contre le train de vie de l’Etat. Image brouillée avec la dizaine de millions de francs distribués aux ministres pour leur mobilier, ces innombrables ministres conseillers venus presque supplanter la taille presque modeste du gouvernement, le budget toujours problématique de la présidence. On l’aura compris, le gouvernement doit être vertueux et exemplaire.
 
Il faut absolument changer le comportement des Sénégalais. D’abord à l’endroit de la perception du pouvoir en comprenant qu’il doit être un levier pour l’action et non pour le paraître. Encore moins pour l’enrichissement personnel et familial. Et à l’évidence cela ne va tomber du ciel. Il va donc falloir plus que jamais que l’Etat soit respectueux de ses lois et règlements. Que la traque contre les délinquants à col blanc aille jusqu’à son terme. Que tous les justiciables soient égaux devant la loi quel que soit leur rang.
 
Nul n’ignore par exemple que les inondations qui font suite à la pluie sont pour beaucoup le fait d’un long processus de contournement des procédures. On a construit n’importe où n’importe comment comme si le ciel avait décidé de fermer définitivement ses vannes sur le Sénégal, le privant de la pluie salvatrice pour l’installer dans la sécheresse destructrice. Les cuvettes ont été occupées, les voies d’eau bouchées, les dunes vendangées. La boulimie foncière a fait le reste. On a construit  des habitations n’importe où et n’importe comment. Et  la cupidité s’en est mêlée. On triche sur les normes comme le rappellent dramatique les immeubles qui s’affaissent. Hier encore. Comme qui dirait «  un monde s’effondre ». Il ne s’agit d’éviter qu’il continue de se défaire. Les mesures urgentes doivent être prises.
 
C’est le cas notamment avec les instructions données au Premier ministre de convoquer dès aujourd’hui l’ambassadeur de Gambie au Sénégal pour lui signifier l’émotion des autorités à la suite de l’exécution de deux de nos compatriotes condamnés à mort. En choisissant comme angle d’attaque  de s’émouvoir du fait que la Gambie n’a pas joué le jeu du bon voisinage en l’informant de la détention de quelques uns de ses ressortissants pour permettre la mise en œuvre des conventions internationales Macky Sall a  en toute finesse mis à nu la duplicité de son vis-à vis de Banjul. Cette duplicité testée dans l’affaire Casamançaise.
 
Comment en effet comprendre que les nombreux braquages sur le sol sénégalais aient trouvé en la Gambie, pays sous coupe réglée s’il en est, une zone de repli ? Il est donc important de prendre cette crise au sérieux car elle risque d’avoir des prolongements sur la situation casamançaise. Un autre dossier qu’il convient de traiter avec tout le sérieux et toute la célérité qui sied. C’est dire qu’un nouveau front vient s’ajouter à ceux déjà brûlants des inondations, de la cherté de la vie, du chômage, de l’enrichissement sans cause. Il n’y a pas de place aux calculs politiciens. Le temps est à l’action. Cette rupture est l’urgence première si tant est que le gouvernement de Macky Sall se veut de mission. C’est cela le chemin.

Source: sudonline.sn du 29 Aout 2012 par Vieux Savane