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Alioune Tine, homme de l’année : ‘Ce qui motive mon engagement citoyen …’

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Cela nous donne l’immense espoir qu’on ne peut pas désespérer du peuple sénégalais qui n’a rien perdu du legs d’une culture de résistance à la tyrannie et à l’oppression. Nous assistons à la consolidation d’une culture de la citoyenneté responsable avec laquelle les pouvoirs doivent désormais compter.

Mon engagement citoyen, je le tiens de l’éducation d’un père d’une très grande piété qui est un Cheikh Khadre qui recevait la plupart des dignitaires khadres maures à Ziguinchor. Un Daara à la maison et l’influence d’un oncle instituteur assez proche du Pai dans une maison qui recevait des instituteurs qui discutaient beaucoup de la politique. L’influence de mai 1968 où j’ai commencé à militer au mouvement des étudiants et élèves du Pai quand j’étais élève au Lycée de Kaolack. En France où j’étais étudiant impliqué à la fois dans le mouvement étudiant sénégalais et français, la lecture de Sartre, de Foucauld, de Barthes, Lacan, Althusser, Deleuze, etc. A cela, il faut ajouter l’influence des professeurs de l’Université de Lyon 2, une université de gauche. Tout cela a alimenté un ressort naturel et presque instinctif à l’indignation et à la violation, de toute forme de violation de droits humains.

Notre engagement citoyen est le résultat de tout un parcours universitaire, politique mais surtout et fondamentalement de droits humains où nous avons connu toutes les organisations de droits de l’Homme (…)

‘Ce que je retiens de l’année 2011 …’

L’année 2011 a été marquée par la dégradation des institutions démocratiques. Nous avons vu un Parlement qui a subi et qui n’a exercé aucune action décisive sur les évènements importants qui se sont déroulés dans le pays. C’est ainsi qu’il a subi, de façon humiliante, les évènements du 23 juin qui ont connu leur dénouement dans la rue.

La justice, également, a été marquée par son impuissance devant la délinquance et les crimes commis par les proches du Président, par certains membres du gouvernement, mais aussi les actes de torture commis dans les commissariats de police. L’impunité chronique, dont jouissent ces gens, a créé un profond malaise social avec l’affaire Barthélémy Dias, Malick Nœl Seck, Malick Bâ, Abdoulaye Wade ‘Yinghou’, Moustapha Sarr, Louis Gomis, au point de faire sortir l’Union des magistrats du Sénégal de sa réserve.

Nous avons noté, par ailleurs, une situation limite au sein des services de police avec des contraintes structurelles qui les obligent à jouer les polices politiques. Effort réel, cependant, d’un commissaire de police qui a eu le courage de remercier publiquement la rigueur et le comportement citoyen du M23 et du Pds lors de la manifestation du 23 décembre 2011.

Je me félicite, également, de la manifestation du 19 mars organisée à la Place de l’Indépendance par Sidy Lamine Niasse qui a ouvert une grande brèche dans la conquête des droits fondamentaux et qui annonce en pointillés la grande manifestation du Peuple le 23 juin 2011.

Au niveau des médias, il faut véritablement déplorer l’attitude partisane de la Rts dont le journal est transformé en espace de propagande du Président et de son parti avec le silence complice du Cnra. Autant la télévision nationale est passée complètement à côté de la plaque, autant, il faut reconnaître que, globalement, les médias et la presse ont un fait un travail remarquable, contribuant de manière significative à une avancée démocratique dans notre pays.

Le 23 juin 2011 a été incontestablement l’événement majeur de l’année et une date historique qui a ouvert une véritable rupture paradigmatique et a été bigbang qui ne va épargner aucun secteur de la vie sociale. En 2011, la résistance a pris forme et a commencé à donner de l’espoir au peuple.

Le cas Barthélémy Dias, avec le saccage de l’institution municipale de Mermoz-Sacré Cœur par des nervis, est indicateur de tous les ingrédients d’un piège qui semble se nouer sur une logique du ‘pousse au crime’. C’est pour la première fois qu’on s’attaque, avec une telle sauvagerie, à une institution de la République sans que la police ne soit capable de prévenir l’évènement et de l’arrêter. Que la galaxie du parti au pouvoir ait été citée dans cette action criminelle, traduit une certaine défaillance de l’Etat, notamment du ministère de l’Intérieur. Le sentiment d’injustice flagrante dans l’affaire Barthélémy pourrait bien être le déclencheur de quelque chose. Du fait d’un sentiment grandissant de l’existence d’une justice à deux vitesses et des manœuvres machiavéliques visant à mettre hors d’état de nuire les leaders politiques et ceux de la société civile les plus actifs dans le M23.

On peut citer la dégradation du pouvoir des collectivités locales avec les délégations spéciales et toutes les tentatives visant à bloquer l’action des élus particulièrement dynamiques et travailleurs comme Khalifa Sall et Oumar Guèye.

Sur le plan de la sécurité intérieure, il faut regretter profondément la recrudescence de la violence dans la partie Sud du pays où le conflit casamançais a pris des proportions inquiétantes avec son corollaire de victimes innocentes de prise d’otages. En effet, nous avons des éléments de l’armée comme prisonniers de guerre du Mfdc. Il y a lieu de rappeler aux combattants du Mfdc qu’ils doivent absolument respecter les conventions internationales relatives au droit humanitaire relatif aux prisonniers de guerre. Mieux, pour faciliter le dialogue et les négociations, nous demandons la libération de tous les militaires détenus. Le conflit casamançais est l’échec le plus lamentable de la présidence de Wade. Tout le monde doit se mobiliser pour la paix en Casamance.

On ne saurait terminer ce round up sans évoquer les questions foncières qui gangrènent le pays. De mon point de vue, celles-ci méritent l’attention et la mobilisation de toutes les énergies, car elles constituent pour beaucoup de pays les causes profondes de conflits meurtriers.

Cependant, il faut reconnaître que tout n’a pas été négatif en 2011. C’est le cas de la loi sur la parité. Il faut la saluer en dépit des arrière-pensées politiques. Il faut, également, se féliciter de la loi sur la promotion des droits des personnes vivant avec un handicap.

‘Les prochaines étapes de notre combat …’

Pour l’avenir, il s’agit d’abord d’évaluer ce que nous avons fait jusque-là en relevant les points forts et les points faibles.

Nous envisageons dans l’avenir immédiat d’entreprendre une vaste campagne de sensibilisation pour préparer la grande mobilisation du peuple pour sauver le Sénégal. Nous travaillons à la constitution du concept qui est stratégique, de la date qui est stratégique et du lieu qui est tout aussi stratégique.

Enfin, il y aura l’organisation de la grande marche du peuple ou du grand rassemblement du peuple. J’ajoute, et c’est très important de le souligner, que toute notre action s’inscrit dans un cadre légal, démocratique et non violent. C’est cela, d’ailleurs, la marque de fabrique du M23.

‘Mes vœux pour 2012 …’

Comme à l’orée de chaque année, il faut formuler des vœux, je souhaite vivement un dénouement heureux et pacifique de cette crise politique qui dure depuis plus de six mois et qui jette les perspectives les plus sombres de l’avenir du pays.

Je souhaite vivement que notre cher Président, qui a perdu tous ses ‘fils’ à cause de Karim, ne perde pas tout le peuple à cause de lui. Que Dieu lui accorde la sagesse et l’intelligence qui lui permettent de trouver une solution qui sauve le Sénégal de la violence et des déchirements en retirant sa candidature. Pour le Sénégal, il doit sortir dans l’honneur et la dignité.

Alioune TINE Président de la Raddho